Le lendemain, il s’était réveillé de bonne humeur. Sa nuit avait été douce, et il avait fait de jolis rêves. Il avait rêvé de parents attentionnés, et d’une sœur qui ne lui lâchait jamais la main. Finalement, il ne voulait pas y repenser. Les illusions lui faisaient mal. A quoi bon rêver de choses qui ne se produiront jamais ? Chaque matin, c’était le même programme. En se dirigeant vers sa salle de bain, son visage s’était soudainement figé. Toujours tête baissée, il avait remarqué une goutte de sang sur le parquais. Comment avait-il pu la négliger ? Jamais cela ne devait se produire, jamais. Lui, le minutieux, le perfectionniste. Aucun détail ne devait lui échapper. Il se dirigeait alors vers l’étagère où il rangeait tous ses produits de nettoyage et avec l’éponge, il frottait durement le sol, avec tant de rage jusqu’à ce qu’elle disparaisse éternellement. Et il continua sa journée normalement.
À 14 ans il devait avoir chassé une vingtaine d’oiseaux, son père lui, devait avoir brûlé une dizaine de poupées. L’enfant berlinois finit par baisser les bras, il ne cachait plus ses jouées de fillette. Il n’en avait plus. Il était même arrivé à haïr les amies qu’il avait eu. Son père avait tout fait pour que son fils n’apporte plus aucune attention aux filles et il avait réussi.
Cet enfant privé de son enfance, devenait un homme prématuré et pas très sociable. Toute sa vie, il ne faisait que suivre les ordres de son père, jusqu’au jour où ce dernier mourut. Le berlinois se souvenait très bien qu’il n’avait senti aucune amertume. Au contraire, il se sentait plus que jamais libéré d’un gros fardeau qui lui pesait depuis toujours. Alors il était allé dans le champ et il courut en criant haut et fort. Il parla aux oiseaux, leur demanda leur pardon, leur promit de ne plus jamais leur faire de mal. Une chose est sûre, dès demain il irait à la rencontre de ses amies dont il a été privé pendant tant d’années.
L’éclat du soleil l’avait réveillé. Décidément il sentait que sa journée allait être exceptionnelle. Il se sentait néanmoins changé, comme s’il était quelqu’un d’autre mais pas tout à fait. Cette libération venait de déclencher une sorte de mécanisme nouveau chez lui. Un mécanisme psychotique. À présent il ne pouvait plus contrôler cette partie là de lui-même. Il était comme possédé et il devait obéir. Il pouvait enfin vivre sans l’oppression de son père mais voilà que son fantôme venait l’habiter. Un fantôme démon qui voulait venger sa mort et se débarrasser définitivement de ceux qu’il considérait comme source de mal pour son fils ; Ses amies les filles. Le berlinois l’avait compris ; ça ne sera jamais lui qui décide, tout le restant de ses jours était entre les mains de son père. Désormais, une voix lui ordonnait d’exécuter le même rituel : « Rends lui visite, dis lui que tu es son ami, que tu étais venu la retrouver après tant d’années, que tu ne l’as jamais oubliée… » Et il suivait à la lettre. « Invites la pour prendre un thé chez nous et comme tu faisais exactement avec les oiseaux, surprends la, et débarrasse toi d’elle. N’oublie pas mon fils qu’elles sont toutes source de mal. » Cette voix avait fini par l’apprivoiser et le berlinois ne se sentait plus vraiment soumis. Il pensait juste exécuter un travail qu’il devait faire ni plus ni moins. Et c’est ainsi qu’il était devenu tueur en série à l’âge de 18 ans. Ses victimes étaient spécialement choisies ; Petite fille avec une natte. Il les flinguait avec son fusil de chasse qu’il avait reçu pour ses 12 ans. La nuit arrivée, il rejoignait son lit douillet entouré de ses tableaux d’enfance et de nattes planant dessus sa tête…et il faisait encore et toujours le même rêve.
*Texte: A l'occasion d'un concours d'écriture sur Internet
(Faisant partie des 8 nominés choisis parmi +90 participants.)
(Contrainte : Ne pas dépasser 740 et là y'en a déjà 790 )
*Image: Delphine Balley.
(Faisant partie des 8 nominés choisis parmi +90 participants.)
(Contrainte : Ne pas dépasser 740 et là y'en a déjà 790 )
*Image: Delphine Balley.
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