Cher grand-père,
Voilà maintenant plusieurs années que tu es parti vers la campagne isolée, et Dieu sait combien ta présence nous manque mais surtout l'époque où tu étais avec nous.
Te rappelles-tu du grand espace vert où tu m'emmenais chaque Samedi ? Cet immense parc où je me sentais voler en courant parmi tous les arbres qui y résidaient...J'avoue que je commence moi même à perdre toutes ces images que je croiyais fixées à jamais dans ma mémoire.Et pourtant...Cet espace vert n'est plus depuis longtemps; Mutilé, disparu éternellement. De grandes bêtes l'ont remplacé. On les appelle " des grattes ciels "...Tu sais grand-père, même en me portant sur tes épaules, je n'arriverais à voir ces bâtiments en entier!
Et puis ce manège, ah ce manège! Détruit! Rasé! Plus d'attractions, plus de vendeurs de pommes d'amour, plus de spectacles de marionettes, plus rien...Ils ont emporté nos souvenirs les plus sacrés.Oui nous, âmes sensibles qui voyons la métamorphose du monde dans lequel nous étions nés.
Grand-père, j'ai même l'impression que plus le temps passe, plus notre maison se déplace vers une ville futuriste. J'ai le vague souvenir que nous étions entourés par un champ avec toutes sortes de fleurs; des jaunes, des rouges, des bleues, des prunes...Il n'y avait ni de cacophonie due à toute sorte de transports innombrables, ni de fumée noire, ni de gros tableaux laids envahissant les rues et présentant toute sorte de produits.
Le chant des oiseaux me manque, et les petites voitures qui faisaient certes du bruit, mais l'ensemble donnait presque une mélodie harmonieuse !
Et le vieux train avec la vapeur blanche qu'il dégagait ! Blanche et non noire ...L'air de nos jours porte une couleur sinistre...
Vous savez grand-père, même les gens me manquent ; je ne vois plus que des corps au visage figé, dépourvu de toute expression, et courant toujours...Courant derrière des machines ; des trains, des métros, des avions...
Je me rappelle la fois où tu m'a appris à nager. Ah cette mer magnifique, d'un bleu éclatant !
Cette eau où je réussissais à voir mon image et toutes les petites bêtes qui nageaient dans tous les sens. Je les sentais épanouis ces poissons.
Maintenant, je ne vois plus qu'une mer d'un bleu obscur, et de petites bêtes à ses bords, mortes de pollution, ou qui ont peut être renoncé à leur vie confisquée, volée par l'égoisme et l'irresponsabilité.
La nature s'évapore..Ca me rappelle ce film muet en noir et blanc que nous avions regardé dans le seul cinéma qui existait dans la ville. Il s'intitulait " Metropolis " ; Cette ville envahie de machines et qui a fini par s'auto-détruire.
Maintenant grand-père, les films sont d'une troisième dimension et se regardent avec des lunettes noires !
L'Homme n'arrête pas d'ignorer la réalité des choses. Il fait tout pour détourner son regard de son vrai environnement pour regarder et en construire d'autres.
Je ne vais pas non plus nier le fait que certains changements ont pu faciliter notre quotidien, comme l'apparition de nouveaux moyens d'informations, tels que l'Internet, ou encore les multiples moyens de communication. Mais cela ne veut pas dire qu'il faut dépasser toutes les limites pour posséder le contrôle des choses de la nature.
Je pense qu'on va vers le chemin de l'extrême, en perdant au fur et à mesure plusieurs valeurs humaines sacrées comme la spontanéité et surtout l'humanisme.
J'éspère grand-père que là où tu es, ta vie est plus simple. J'aurais aimé venir te rejoindre, mais tout se passe içi ; Education, travail, relations...
Une chose est sùre, c'est qu'une fois que j'aurais terminé mon évolution dans cet environnement, je viendrais rejoindre le tien. Le retour aux sources est nécessaire...
Porte toi bien et ne t'inquiètes pas pour moi ! Ma lettre porte, certes, une pointe de fiel mais je pense que je réussirais à trouver mon équilibre.
A bientôt, et profite bien de chaque respiration ! Je t'aime.
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