Je suis là assise écoutant en boucle une mélodie à la fois mélancolique et apaisante. Je suis là assise et j'attends que quelque chose arrive, presque le sourire à la bouche. J'attends que mes yeux baignent de larmes, que la boule enfoncée dans ma gorge éclate en cris silencieux. J'attends de revivre la fois où, à force d'avoir bu, d'avoir apaisé mon esprit en m’allongent sur la verdure avec les yeux fermés et la tête dirigée vers le soleil, j'avais éclaté en sanglots infinis..quand je pensais qu'après une vingtaine de minute la "crise" était terminée et qu'alors un autre flot arrivait. Mais le lendemain, le soir-même, je me sentais parfaitement légère, plus que jamais débarrassé d'un tas d'ordures que je traînais sur le dos. La personne qui essayait de me consoler ce jour-là ne pouvait décidément rien faire. Peut-être me traitera-t-elle d'enfant gâtée à défaut de ne pas avoir pu fournir d'arguments convaincants quant à ma crise de larmes. Comprendrait-elle si je lui disais que tel un crucifié je ne faisais que pleurer les malheurs de tous les hommes? Que je pleure rarement pour moi mais plutôt pour les autres, pour ce qu'ils font, ce qu'ils aimeraient faire et ce qu'ils n'ont pas fait. Que je pleure aussi des fois pour vérifier que je suis encore un être humain doté de facultés émotionnelles. Que ces larmes-là sont mes vrais mots à moi que ces gens-là ne verront et n'entendront jamais...
J'ai ouvert un recueil de poésie sur une page au hasard, je suis tombé sur ce poème de Philippe Jaccottet:
RépondreSupprimerLes larmes quelquefois montent aux yeux
comme d'une source,
elles sont de la brume sur des lacs,
un trouble du jour intérieur,
une eau que la peine a salée.
la seule grâce à demander aux dieux lointains,
aux dieux muets, aveugles, détournés,
à ces fuyards,
ne serait-elle pas que toute larme répandue
sur le visage proche
dans l'invisible terre fît germer
un blé inépuisable.
"Ainsi soit-il! Amen."
SupprimerEt puis joli coup du hasard :)